Lauréat au Prix Fernand Baudin, Concours des plus beaux livres Bruxellois 2008
Christian Debuyst, l’époux de Marthe Wéry souhaitait revenir sur une suite de carnets de dessins à l’origine du travail de l’artiste entre 1952 et 1958. Certains dessins avaient été publiés dans un catalogue ou l’autre, mais isolément, dans un contexte élargi. L’intention de les présenter comme une série d’œuvres a pu paraître étrange à ceux qui sont habitués à ne connaître le travail de Marthe que postérieur à 1968 et nommé par son galeriste de l’époque Paul Maenz la "période construite". C’est que Christian Debuyst y voyait l’occasion de revenir sur une notion fondamentale qu’entretenait Marthe entre penser et peindre et qui est développée ici par les rapports entre dessiner et écrire. En les confrontant aux outils analytiques du philosophe Gilbert Ryle, Christian Debuyst met ces termes à l’épreuve. Il lui est apparu important de livrer ici ce que lui seul détenait à la fois sous forme de mémoire et d’intentionnalité.
La question des carnets, au nombre de huit, était la question centrale de cette édition. Les carnets plus encore que les dessins offrent une vision plus juste du projet et mettent à distance la part qui pourrait sembler anecdotique des lieux et des scènes. L’intention n’a jamais été de les publier intégralement, mais bien d’en donner l’aperçu nécessaire à en saisir l’écriture, raison pour laquelle nous avons préféré photographier les carnets plutôt que d’offrir une repographie iconique des dessins. Nous avons décidé de leur consacrer seize pages, soit huit photographies par carnet. Ces cahiers ont, un sur deux, été encartés à l’intérieur d’un feuillet plus lourd, offrant ainsi une couverture à chaque cahier. Ces papiers plus lourds forcent des points d’arrêt au feuilletage de l’ouvrage et permettent une saisie immédiate de sa structuration. Enfin, la reliure "suisse" donne à l’édition un statut hybride entre carnet et livre, et souligne le passage du projet de l’un à l’autre.