Un univers baroque dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est incarné, au sens le plus cru du terme autant que figuré. Adriana puise dans les ressources historiques des images populaires d’azulejos ou d’illustrations coloniales qu’elle oppose aux espaces contemporains mondialisés que sont les spas, lieux quadrillés et aseptisés. Oscillant entre sculpture, peinture et architecture, des chairs à vif remontent ou traversent les surfaces et nous questionnent sur la crudité des tensions et passions humaines. Ce travail s’inscrit dans une longue tradition latino-américaine d’une intense puissance visuelle alliée à une trame conceptuelle particulièrement riche.
Pour son exposition à la Fondation Cartier elle nous a choisis pour graphistes sur base de nos précédentes réalisations liées à la Fondation. Principalement pour notre implication dans la structuration des ouvrages qui sont souvent d’ordre narratif. Pourtant, la part importante des reproductions pleines pages de peintures et sculptures semblait peu propice à une approche conceptuelle. Nous avons opté pour une différenciation nette entre ces cahiers dédiés aux reproductions et ceux qui revisitent les archives et références liées à son processus de travail.
Le motif en quadrillage habille la majeure partie de son univers plastique et nous offrait une concordance avec la grille de composition des pages. La mise au carré de toute cette partie s’est faite sur deux échelles alternées, large pour les pages de textes puis resserrée pour celles d’archives sur lesquelles nous avons joué des emboîtements de visuels les uns dans les autres pour créer des topologies iconographiques relationnelles.
Le livre lui-même est conçu comme un carreau de faïence brillant dont le bloc intérieur s’apparente à l’épaisseur et d'où émergent, à l’instar des créations d’Adriana, des chairs crues en guise de (mise en) garde.