Cent diapos reçues par la poste. Noir et blanc. Sur toutes, une gare ou des trains. Le classeur diapo est accompagné d’un récit sous forme de légendes. Un projet de livre de la Fondation Zinsou à propos d’une ligne ferroviaire désaffectée peu de temps après ces prises de vues. Un témoignage d’un temps révolu et pas si lointain. L’envie déjà de retrouver les sons et les odeurs des ces paysages traversés. Nous décidons de remettre le train en marche, de raccrocher les images comme on le ferait de wagons. D’imprimer une couleur, le vert, à ce voyage, celle qui, sans elle, renverrait le tout dans un passé définitif. Et surtout ne pas mettre les textes en regard des images et mener les deux récits en parallèle, selon des temporalités distinctes. Séparer l’intuition des visuels de l’intention du texte. Permettre au lecteur d’accompagner le voyage et de se faire ses propres impressions. Arrivé à mi-parcours, au terme de la ligne, nous faisons un arrêt sur images en les mêlant au récit de l’auteur. Les photographies légendées nous font vivre un autre parcours, un voyage intérieur que seule une mémoire vivante – qui aura traversé le siècle – peut nous livrer. En reprenant le train à contresens, on retrouve les mêmes paysages, les mêmes stations, on les revoit augmentés de ce récit de Jean Pliya, tout en y laissant une part de nous-mêmes.
Techniquement, nous avons opté pour une reliure à la japonaise qui permet de plier les images en bord de pages sans jamais les couper. Chaque image en entraîne une autre à sa suite, selon une ligne du temps qui nous mène de Cotonou à Parakou et retour, de la première à le dernière de couverture, en une boucle sans fin, interrompue en son centre par le texte en soutien. Nous avons choisi le papier Cocoon d’Arjowiggins pour son toucher doux et sa luminosité intense, papier 100% recyclé.
En cours de réalisation du livre, le projet d’exposition s’est formé. Elle a trouvé place au cœur de la gare de Cotonou où les cent photographies ont été montées dans des wagons le long du quai désaffecté. Une vie rendue à un passé encore si présent dans la mémoire des Béninois.